Millénium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

Millénium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes
Thriller américain de David Fincher (2012)
Avec Daniel Craig, Rooney Mara, Christopher Plummer et Stellan Skarsgård.
Durée : 2h38

A moins d’avoir vécu dans une grotte pendant 6 ans, vous serez déjà familié avec la trilogie Millenium de Stieg Larsson, véritable phénomène littéraire (record de ventes dans le monde il y a quelques années). Ces thrillers suédois pour adulte ont été adaptés en films en 2009/2010, et connurent une diffusion assez importante en Europe, et même aux Etats-Unis. Unanimement salués, ils firent connaitre Noomi Rapace au grand public, actrice impressionnante dans le rôle de Lisbeth Salender, l’héroïne cyber-punk de Millenium.

La sortie d’une version américaine si tôt après celle de la version suédoise en firent douter plus d’un. Y compris moi. Mais, avec David Fincher à la réalisation, que pouvait-on attendre sinon un nouveau chef d’œuvre de la part du maître des thrillers cultes (Seven, Fight Club, The Game, Panic Room, Zodiac) ?

Pour les incultes, Millénium – Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes (The Girl with the Dragon Tatto en anglais) raconte l’histoire de Mikael Blomkvist, journaliste du magazine Millénium, qui est accusé de diffamation par un riche industriel suédois sur lequel il enquêtait. Souhaitant relaisser tomber la pression et s’éloigner des médias, Blomkvist profite d’un appel mystérieux d’Henrik Vanger, un autre riche industriel à la retraire, qui l’invite sur son île dans le nord de la Suède pour résoudre une enquête. Une enquête vieille de 40 ans… En 1966, la nièce d’Henrik Vanger disparaît de l’île -où vit toute la famille Vanger-, alors que la sortie de celle-ci était bloquée par un carambolage. Son corps n’a jamais été retrouvé et l’enquête de l’époque n’avait rien donné, mais chaque année depuis ce jour fatidique, Henrik reçoit une plante encadrée de la part du tueur présumé.
Blomkvist commence alors à déterrer les archives de la famille Vanger et va rendre plus d’un membre mal à l’aise par les remous qu’il provoque. Il se rend rapidement compte que la disparition de la fille n’est pas un cas isolé, mais est peut-être relié à une série de crimes ayant eu lieu à l’époque.

D’abord seul, Blomkvist est rapidement rejoint par Lisbeth Salender, une jeune femme au passé douloureux (et mystérieux). Hackeuse hors pair, elle travaille pour le compte d’une société de sécurité, où elle infiltre des systèmes informatiques pour avoir des renseignements sur des personnes. Look gothique, fumant comme un sapeur pompier, bisexuelle, introvertie et antisociale, Lisbeth Salender est une créature frêle mais pleine de ressources. Placée sous tutelle de l’Etat depuis son enfance, son nouveau tuteur se révèle être un pervers, un maniaque et un maître-chanteur, ce qui va fournir au film quelques scènes dures à regarder (et leur opposé: quelques scènes jouissives…dont une impliquant un taser), mais aussi donner à Lisbeth une toute nouvelle dimension, renforçant plus que jamais notre sentiment d’affection et de sympathie pour elle… Ce n’est pas pour rien que Lisbeth Salander est souvent considéré comme l’héroïne littéraire et cinématographique la plus géniale qui ait jamais existé.

Parallèlement à l’histoire policière se développe une deuxième histoire, celle de la rencontre entre ces deux personnages que tout oppose. Mikael est un journaliste à l’ancienne, travaillant pour magazine imprimé, et aux méthodes traditionnelles. Il possède un ordinateur, mais on sent bien que ce n’est pas son truc ; a contrario, Lisbeth vit dans un monde virtuel, et aucun ordinateur n’est suffisamment sécurisé pour l’empêcher d’en pénétrer les fichiers les mieux gardés. L’un est prudent, l’autre est rentre-dedans. Là où Fincher fait fort –mieux que dans le film suédois- c’est en cernant cette confrontation entre deux personnages, qui se mue en complémentarité.

Au-delà de cet aspect du scénario, la réalisation est parfaitement maîtrisée, David Fincher apportant tout son savoir-faire technique et son univers. L’étonnante et réussie séquence d’ouverture, techniquement surprenante, donne au film un ton et un rythme qui ne le quitteront plus. Je n’ai réellement pas vu les 2h30 passer.
Millenium: Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes est donc un film rythmé, à la mise en scène impressionnante. Trent Reznor compose à nouveau la bande originale, fournissant un travail de qualité, presque aussi mémorable que pour The Social Network. A noter le clin d’oeil à Nine Inch Nail, quand Lisbeth visite un ami hacker qui lui ouvre la porte avec un t-shirt du groupe de Reznor, sa musique remplissant la pièce derrière lui. Un placement de produits parmi d’autres (Marlboro et Coca-Cola)…

Enfin, ce qui nous avait faire redouter cette version de Millenium, c’était l’incapacité à faire oublier la performance impériale de Noomi Rapace en Lisbeth dans la version suédoise, où l’actrice s’était muée en oiseau de chasse, faisant honneur à son nom. Comment pouvoir la remplacer ? Et pourtant, Rooney Mara remplit le rôle à merveille, proposant une interprétation différente mais tout aussi singulière de Lisbeth : plus vulnérable, plus imprévisible, plus proche de ses sentiments. Quant à Daniel Craig, il se révèle très bon dans son rôle de journaliste et enquêteur, homme ordinaire (et donc sujet à l’erreur) à l’opposé de James Bond. Tout en étant le seul à ne pas prendre un accent suédois.

Ayant vu la version suédoise, je peux aujourd’hui dire que la version américaine est tout aussi belle, peut-être meilleure parce que plus cinématographique. Et le suspense et toujours là, nous tenant en haleine même si on connait déjà l’histoire.

Note : 9/10.

Romain.

Comments
One Response to “Millénium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes”
  1. effectivement, j’ai lu ce premier tome, mais le film parait passionnant, et très spectaculaire

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